Par Carlos KETOHOU
Paris, le 15 juillet 2022
L’arme de choc diplomatique peu courtoise développée par Alassane Dramane Ouattara contre le Mali a provoqué un véritable choc dans les relations, entre la Côte d’Ivoire et le Mali, des relations déjà très enrhumées depuis l’arrivée au pouvoir d’Assimi Goita, Chef de la junte malienne.
Embarrassé par l’état de choc subi par le Mali après le soupçon de coup bas à ce pays infligé, le président ivoirien, rusé de son état et de sa nature, a préféré user d’un choc thermique politique pour non seulement semer une confusion générale, mais surtout distraire l’opinion pour occulter l’onde de choc qui ne se fera pas aussi facilement étouffée.
C’est ainsi que dans la foulée des accusations, des dénonciations, des décisions et des renonciations de paroles, le Président ivoirien n’a trouvé mieux que de convoquer un mini-sommet avec d’anciens chefs d’États de la Côte d’Ivoire, non pas, pour négocier le retour des 49 soldats ivoiriens ‘’saisis’’ au Mali mais pour préparer des prochaines élections apaisées dans un pays où élections riment avec morts, blessés, exils, vols, viols et désolation.
La rencontre initiée avec les anciens président Bédié et Gbagbo a fait son effet de buzz, mais avec effet en feu de paille.
Le dossier des 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali est têtu et continu de susciter de nouvelles révélations non moins scandaleuses.
C’est coutume dans les pays à démocratie embastillée.
Lorsque le système politique a réussi son coup de force contre vents et marées à se maintenir au bout des chars, des canons et des gaz lacrymogènes, il se donne des chances de se redorer le blason, à l’approche de prochaines consultations électorales.
Le mode opératoire est de brandir des terminologies génériques du genre, réconciliation, apaisement, dialogue et parfois, révision de la constitution, reconstitution de la commission électorale, décrispation de crise avec leur cortège de polémiques et de quolibets.
La plupart des pays francophones de l’Afrique de l’ouest, plus précisément de l’espace CEDEAO sont passés maîtres de ces solutions à la sauvette pour maintenir des régimes illégitimes, incapables d’amorcer de véritables développements, ne serait-ce pour juguler la vie chère, ou repousser des terroristes……….
La Côte d’Ivoire, le Togo, le Sénégal ; le Niger, pour ne citer que ces pays sont des laboratoires de fabrication de ces formules alchimiques.
En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, la solution pour ce pays devrait être assez simpliste.
Le pays et ses acteurs, l’opinion nationale et internationale connaissent les personnages à germes « confligènes » de la vie politique.
Ils sont donc, d’après l’esprit de la rencontre tripartite du 14 juillet 2022, le trio d’anciens chefs d’État, qui devraient donc être les manipulateurs de l’esprit populaire et catalyseurs des violences politiques.
Si la loi est faite pour être respectée, la seule solution est de disposer de celles qui, dans une posture politique, devraient permettre de mettre fin à la prise en otage par ces hommes de la vie politique du pays.
Cela consistera non seulement, à limiter l’âge de candidature, étant donné que les trois sont dans une génération de « grands pères » des institutions de la République, mais aussi et surtout de prévoir l’exercice de pouvoir en une et unique fois suivant la fameuse formule « EN AUCUN CAS… » qui avait secoué une révision constitutionnelle au Togo.
C’est une disposition démocratique que les constitutionnalistes devraient prévoir au même titre que la limitation de mandat et les modes de scrutin.
La Présidence de la république ne saurait être un bazar ou hommes et femmes aux ambitions démesurément gloutonnes sur des millions de citoyens, entrent et sortent avec d’éternelles velléités de revenir à la charge avant de repartir.
Lorsqu’un président est élu, de quelque manière que ce soit, après son passage (un ou deux mandats) ou sa destitution, il devrait être empêché de revenir, ou avoir l’intention de se présenter ultérieurement.
C’est cette ouverture constitutionnelle, une faiblesse de pratique qui sclérose la vie politique de la Côte d‘Ivoire autour de trois octogénaires.
Si Henri Konan Bédié à 88 ans avait en esprit qu’il a déjà brûlé ses cartouches de la magistrature suprême après 6 ans d’exercice, il aurait déjà abandonné les agitations politiciennes destinées à le maintenir sur la scène politique ivoirienne.
Si à 77 ans, Laurent Gbagbo est averti qu’il est constitutionnellement interdit de briguer un nouveau mandat après avoir gouverné pendant 11 ans la Côte d’Ivoire et passé « injustement » 10 ans en prison, il aurait été moins perturbateur de la vie sociopolitique ivoirienne.
Maintenant le « vieux père » ADO a réussi à faire son passage en force du troisième mandat dans un concert de tollé national et international et risque de totaliser 15 ans au pouvoir, dans les conditions normales de température et de pression.
Dans les mêmes conditions de résistance à laisser sa place, il jauge ses intentions de prochain mandat dans le chantage : « Je me présenterai à nouveau si Gbagbo ou Bédié sont encore candidats… » argue-t-il sans vergogne.
Les signes avant-coureurs de ce nouveau cirque, bien huilé sont perceptibles dans la récente convocation de ses potentiels challengers…et arguments de ses prochaines basses besognes politiques.
Faire d’une pierre, deux coups. Mesurer les intentions de ceux-ci ; après avoir réussi à faire d’eux l’échafaudage de secours d’amortissement de choc du déboire malien.
Si des intellectuels de cet acabit ne respectent pas l’écriture de la constitution qui impose la limitation de mandat, ce ne sont pas des paroles nourries de sourires jaunes de trois mousquetaires qui seront respectées. « Le secret de rire, selon Marc Tyrien, humoriste anglais, n’est pas dans la gaité, mais la tristesse… »
Dans cet ordre d’idées, il est donc facile d’imaginer l’atmosphère qui a précédé ces sourires affichés des trois anciens présidents devant les caméras du monde entier.
Le monde se rebelle. L’Afrique se rebelle. Les nouvelles technologies ont changé la donne. Le passage du COVID-19 a créé des mutations. OBLIGATOIRES !.
Les transformations sont désormais indéniables. Tout le monde est désormais intelligent par la force d’un monde connecté avec les réseaux sociaux et nul ne peut encore se prévaloir d’une intelligente supérieure destinée à coloniser ses semblables.
Et ça, les mentalités gérontocratiques à la Ouattara et congénères ne s’en rendent pas compte ou refusent de l’accepter. Voulant végéter dans l’anachronisme téméraire.
Les dirigeants de l’Afrique noire francophone doivent cesser de continuer à mener le jeu du pouvoir et affranchir les cerveaux émergents pour affronter les grands défis qui s’annoncent pour un monde qui va se nourrir de crises successives, intolérables sur tous les plans.