@apmonews 07/05/2022
(Ouagadougou)
La transition burkinabé fait encore parler d’elle. Des analystes politiques et géopolitiques ainsi que des portes flambeaux du panafricanisme éprouvent toujours des difficultés à classer la transition burkinabé dans ce vent qui souffle sur la sous-région ouest-africaine.
Le régime de colonel Bamiba pose des actes aussi contrastés et il a du mal à se positionner. L’espace CEDEAO est idéologiquement, depuis ces dernières années avec le coup d’État au Mali, divisé en deux tendances.
D’une part ceux qui s’inscrivent dans la dynamique portée par les militaires au pouvoir au Mali et en Guinée qui vise à lutter contre l’incompétence notoire au sommet de l’État, les crimes politiques, la corruption à outrance, des orientations politiques au mépris de la souveraineté des pays de la sous-région et à poser les bases de la refondation de la nation dans un élan panafricain.
D’autre part, on peut retrouver des conservateurs en tête certains chefs d’État de la CEDEAO, toujours attachés à la sujétion à l’ancienne métropole même au dépens de la souveraineté de leurs pays. Si le changement à la tête du Burkina-Faso s’est opéré de la même façon qu’au Mali et à Conakry, le colonel Damiba s’offusque à positionner clairement sa transition dans cette dynamique.
Certains de ses actes nourrissent cette confusion.Il y a juste quelques jours l’opinion a appris l’arrestation du Commandant Abdoulaye Fofana un proche de Guillaume Soro. Selon les informations non confirmées par les officiels des deux pays, il aurait été arrêté au Burkina-Faso par le régime Damiba et livré ensuite au régime ivoirien. Si c’est le cas, il serait assez curieux de comprendre que ce réfugié politique a passé des mois en Europe mais n’a jamais été inquiété puisque les autorités de Bruxelles étaient convaincues qu’il s’agit bien d’un exilé politique. L’extrader du Burkina serait incompréhensible pour le droit international.
Pire, des organisations de la société civile burkinabé ont tenté le mois dernier de manifester contre la présence militaire française sur leur territoire et demander des accords militaires avec la Russie comme l’avait fait la société civile malienne. Ces manifestations ont été interdites et les manifestants dispersés à coup de gaz lacrymogène. De l’autre côté, le régime Damiba refuse de se plier aux injonctions de la CEDEAO accusée d’influence externe. Une mission a été ensuite envoyée au côté de Bamako pour s’inspirer de la transition malienne. Ces faits mi-figue mi-raisin, prouvent que la transition burkinabé est à multiple facettes.
Une stratégie savamment établie par les nouvelles autorités, faire le jeu de tous les camps pour ne pas s’attirer des ennemis sur l’international.