@apmonews 09/05/2022
(Cotonou-Dossier)
La cherté de la vie est un phénomène qui frappe différents pays du monde de diverses manières. Diversité motivée d’une part, par la différence, dans chaque pays, des conditions de production et de trafic, d’autre part, par l’intervention : de la législation et de l’administration gouvernementales. Ce phénomène touche également le Bénin et la population à vraiment du mal à y faire face. Le Bénin, pays de l’Afrique de l’Ouest n’est pas épargné. Les autorités ont décidé de prendre les taureaux par les cornes, les populations impatientes. Dans les marchés comme dans les rues de Cotonou, le mécontentement et le dépassement se lisent sur les visages. Dame Fidèle, la trentaine est revendeuse dans un marché de la place elle parle de son quotidien : « Tout est cher actuellement et vraiment les clients ont du mal à comprendre c’est comme si c’est moi qui ai fixé le prix de la marchandise. Le maïs, les pâtes alimentaires, l’huile, les tomates … Tout est cher ; le bidon d’huile maintenant ils faut carrément revendre l’emballage lui même pour avoir le bénéfice…. ». Horace, la vingtaine est agent de sécurité dans une structure de la place et père de famille : « Sincèrement je suis dépassé tout est cher dans le pays le maïs, le riz, le gari vraiment le plateau d’œuf est passé de 2000 ou 2200f à 2500 ou 2700 par endroit, le prix du gaz, n’en parlons plus. La bouteille d’oryx est pratiquement à 6000f on est fatigué… »Des plaintes qui ne sont pas tombées dans des oreilles de sourds. Reçu sur une émission de débat public sur les télévisions locales axée sur le thème « Le Bénin face à la cherté de la vie », le ministre d’État chargé de l’économie et des finances Romuald Wadagni a évoqué les différentes causes de la cherté de la vie en République du Benin. Elles sont multiples et distinctes.En ce qui concerne la hausse des prix des produits importés, l’autorité a avancé la cherté des hydrocarbures sur le plan mondial, ce qui entraîne la cherté du transport et de la fabrication des produits, ensuite, la pandémie du Coronavirus qui a bloqué le fonctionnement des usines, les conflits entre la Russie et l’Ukraine et le décalage entre la demande et l’offre. Pour justifier la cherté des produits locaux, en plus des autres causes, le ministre a surtout mis l’accent sur l’incursion des « pays voisins sur le marché national. Le cas des commerçants venant du Nigeria, du Burkina-Faso et du Niger qui ayant connu une baisse de production dans leurs pays, comblent le déficit en siphonnant les produits vivriers béninois. Ce sont, selon le ministre, ces immixtions qui ont fait que les citoyens béninois constatent la hausse du prix des produits de grande consommation. « Nous avons eu une forte production à l’issue de la campagne agricole 2021-2022 avec plus de 01 million 600 mille tonnes de mais C’est largement au-dessus de nos besoins Une bonne partie sort du territoire national. Le mais coûtant cher au Nigeria, le commerçant nigérian est prêt à l’acheter à un prix élevé que celui du marché béninois pour le revendre encore plus cher dans son pays.Au Niger, du fait du changement climatique, la production baisse depuis 5 ans. Pour 2021-2022, la production céréalière est à 40% en deçà des besoins. Donc, ils viennent sur le marché béninois pour pouvoir combler le déficit chez eux. Le terrorisme au Burkina-Faso cause le déplacement des populations. Cela provoque une baisse de production. Pour combler le vide, ils viennent aussi s’approvisionner sur le marché béninois. » a expliqué le ministre d’État.Pour trouver une solution à ce problème, le gouvernement Béninois réuni lors de l’hebdomadaire conseil des ministres en sa séance du mercredi 23 mars 2022 a pris des mesures contre la cherté de la vie provoquée par la flambée des prix sur le marché local. En effet, à l’issu de cette séance, il a été décidé, le plafonnement des prix des denrées alimentaires pour une période de 3 mois. Désormais, le sac de 50 kg de la farine de blé importé qui était cédé à 25.000 va être vendu à 20.000 suite à l’exonération de la TVA sur cette farine. Quant au sac de 50kg de farine de blé locale, il passe de 23.500 à 19.915 Fcfa.La farine de blé étant exonérée de la TVA, le pain sera donc vendu à 125 f pour la baguette de 160 kg et à 150 f pour la baguette de 200 kg. Le sac de 50 kg de riz importé sera désormais cédé 18.450 Fcfa contre 20.500 Fcfa par le passé grâce à la poursuite de l’application d’un taux forfaitaire libératoire de TVA sur ce riz importé. Le litre de l’huile végétale importée ou produite localement sera de 1.017 F au lieu de 1.200 grâce à l’exonération de la TVA. Le litre de l’huile de palme raffinée locale ou importé passe maintenant de 1.100 F à 932 F.Outre les prix des denrées alimentaires, le conseil des ministres s’est aussi penché sur prix du ciment. On retient globalement le prix de cette matière varie selon les départements. Il a été décider que jusqu’au 30 juin 2022, la tonne du ciment sera vendue dans l’Atlantique-Littoral à 75.000 F, 74.000F dans l’Ouémé-Plateau, 77.000F dans le Mono-Couffo , dans le Borgou et la Donga à 82.000F , 90.000F dans l’Atacora et l’Alibori à 85000 et dans l’Alibori à 90000. Le gouvernement a notifié que les prix de sortie d’usine du ciment n’ont connu aucune garantie d’augmentation. Aussi, la réunion gouvernementale a-t-elle par ailleurs décidé de la mise en œuvre d’un abattement de 50% sur les prix de fret maritime et de deux tiers pour les frets aériens pour le calcul des droits de douane à liquider (Cette mesure permet de réduire les droits de douanes sur l’ensemble des produits importés et de baisser leurs prix de vente aux consommateurs); et la suspension jusqu’à fin 2022 du réajustement des tarifs d’électricité. Le conseil des ministres a également convenu de la constitution d’un stock de gas-oil , tout en maintenant son prix de vente à la pompe à 600 Fcfa. Ces divers appuis sont évalués à plus de 80 milliards de FCFA pour soutenir le pouvoir d’achat des populations, informe le gouvernement. En vue d’en garantir l’effectivité et d’éviter des sorties frauduleuses de produits vivriers, le Conseil a instruit les ministres concernés à l’effet de renforcer les contrôles par les structures compétentes et de faire appliquer aux contrevenants la rigueur de la loi. Pour lutter contre la famine imminente, le gouvernement béninois entend anticiper sur la mise à disposition d’engrais pour la campagne agricole 2022-2023. Enfin, pour permettre aux Béninois de faire face à la cherté de la vie, le gouvernement a décidé d’augmenter les salaires des fonctionnaires.Les dispositions prises sont globalement satisfaisantes pour les populations même si une partie reste sceptique face à la politique du Président Patrice Talon qui a engagé de grandes reformes pour le développement du pays. Le Bénin revient de loin et les observateurs de la vie socioéconomique saluent les changements en matière d’infrastructures routières et les grands projets dans le domaine de l’éducation, la santé, l’économie, et la culture. Le Président Patrice Talon qui est à son second mandat rassure que le vrai changement qu’il a mis en œuvre n’est pas encore visible : « je comprend votre impatience, c’est de la nature humaine, mais d’ici deux ans, vous verrez par vous-mêmes les résultats des grands projets que nous avons lancés, pour le bonheur de notre peuple…. » promet Patrice Talon, le Président béninois.