@apmonews 17/05/2022
(Ankara)
Alors qu’on pensait que l’adhésion de la Finlande et la Suède devra se passer comme une lettre à la poste, alors que la plupart des pays de l’OTAN se sont montrés favorables à ces nouvelles candidatures, la Turquie déjoue tous les plans. Sans ambages le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé vendredi son opposition à l’adhésion de ces deux pays à l’OTAN.
Cette opposition affichée par le président turc n’est pas anodine, elle est bien réfléchie pour mettre son pays en position de force au sein de cette organisation. La Turquie qui elle-même est déjà sous le coup des sanctions internationales et âprement critiquée par des chancelleries occidentales.
Des sanctions et critiques non seulement liées à la traque de ses opposants jugés proches de l’Occident mais surtout aux offensives turques menées contre les partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). En effet, la Turquie mène régulièrement des raids contre des positions de ce groupe kurde, qu’elle qualifie de « terroriste ».
Ces opérations militaires sont souvent décriées par l’Union Européenne et les États-Unis qui ne cessent de brandir des sanctions contre Ankara. En 2019, en représailles contre l’offensive turque en Syrie, le président américain Donald Trump avait même annoncé des sanctions contre des dirigeants turcs et l’augmentation des tarifs douaniers sur l’acier. Des ministres des affaires étrangères de l’UE avaient demandé à l’OTAN de prendre des mesures contre la Turquie.
En marquant son hostilité à l’adhésion de la Finlande et de la Suède, le président Erdogan estime que ces deux pays protègent des « terroristes » du Parti des travailleurs du Kurdistan. La Turquie qui à elle seule peut bloquer le processus en cours, s’est mise en position de force car plusieurs membres de l’OTAN affluent vers elle pour entamer des négociations en vue de trouver un accord pour l’adhésion de ces pays.
Réagissant à la suite de la déclaration du président turc, la secrétaire d’État américaine adjointe chargée de l’Europe, a affirmé que le nécessaire serait fait pour clarifier la position de la Turquie sur le sujet.
Le président Erdogan qui sait bien mener le jeu subtil des rapports de force dans les relations internationales saura profiter de cette situation pour obtenir des concessions pour son pays.